Logo Kanton BernChancellerie d'État
28 juillet 2021
Aperçu des communiqués

Bilan des crues de juillet 2021 - Montée des eaux prolongée suite à des pluies inhabituellement abondantes

La situation sur le front des crues est restée tendue pendant une période prolongée en raison des précipitations inhabituellement abondantes enregistrées en juillet. Si les conditions sont idéales, c’est-à-dire si le temps reste sec, le lac de Bienne reviendra à un niveau estival normal d’ici le milieu de la semaine prochaine. En ce qui concerne le lac de Neuchâtel, le retour à la normale durera encore deux à trois semaines. La police des lacs a consacré plus de 3250 heures à la collecte du bois flottant en lien avec les crues. La coordination entre les différentes forces d’intervention a bien fonctionné.

En juillet, le bassin versant de l’Aar a enregistré des précipitations jusqu’à deux fois supérieures à la normale saisonnière. L’épisode principal, qui a duré du 12 au 15 juillet, s’est traduit par des cumuls de pluie dépassant les 100 mm, avec des niveaux encore plus élevés sur le versant nord des Alpes. Ces intempéries sont à l’origine de la situation de crue prolongée qui a touché de vastes portions du territoire cantonal. 

Durant la première phase, le service de régulation du lac de Thoune a utilisé la galerie d’évacuation des crues pour abaisser le lac à 20 cm sous son niveau estival normal en prévision des précipitations attendues. Grâce à cette opération, le lac est resté sous sa cote de crue dans un premier temps. Mais la poursuite des intempéries l’a poussé largement au-delà de sa cote de crue. Le recours à la galerie d’évacuation a cependant permis de maintenir le niveau à 5 cm sous l’objectif de protection. Au-delà, les dommages sont nettement plus graves. 

Importants apports d’eau dans les lacs du pied du Jura 

Le niveau des lacs du pied du Jura a monté inexorablement sous l’effet du grossissement de l’Aar et de la Sarine pendant une période inhabituellement longue. Pendant plusieurs jours, le débit d’entrée de l’Aar dans le lac de Bienne au canal de Hagneck a été, à lui seul, largement supérieur à la capacité d’écoulement au barrage de régulation de Port. Grâce aux travaux réalisés de 2011 à 2015 pour rétablir et améliorer la protection contre les crues au niveau du canal de Hagneck, le Grand Marais est toujours resté à l’abri des inondations. Les apports d’eau importants ont entraîné une hausse rapide du niveau du lac de Bienne. Ce phénomène a été amplifié parce qu’il a fallu réduire fortement le débit sortant au barrage de Port à plusieurs reprises pour faire face aux pics passagers mais importants du débit de l’Emme. Les débits entrants élevés dans les lacs du pied du Jura combinés aux réductions temporaires du débit sortant au barrage de Port ont entraîné une hausse des lacs de Bienne et de Neuchâtel, qui ont atteint leur cote la plus élevée depuis la deuxième correction des eaux du Jura en 1973.

L’abaissement des lacs de Bienne et Neuchâtel prendra du temps

Après avoir atteint sa cote maximale, le lac de Thoune a pu être ramené en une semaine à un niveau normal pour la saison d’été. Cette prompte décrue a été possible grâce à la baisse rapide du débit des affluents situés plus en altitude dans l’Oberland bernois. Le processus sera beaucoup plus long pour le lac de Bienne et pour les deux autres lacs du pied du Jura. En effet, ce n’est pas un, mais trois lacs qui se déversent dans le Seeland. Les volumes d’eau qui y sont stockés sont sans commune mesure avec le volume du lac de Thoune. En outre, la capacité d’écoulement de l’Aar à la sortie du lac de Bienne est limitée, raison pour laquelle il n’est pas possible d’augmenter à volonté le débit sortant au barrage de régulation de Port. 

Au vu des énormes volumes d’eau accumulés dans les lacs du pied du Jura, le service de régulation a demandé dès le 16 juillet à relever exceptionnellement le débit d’écoulement de 650 m3/s autorisé au barrage de Port à 750 m3/s au maximum. Les cantons concernés et l’Office fédéral de l’environnement ont donné leur accord. Cette augmentation du débit d’écoulement est la seule mesure importante possible pour améliorer la situation autour des lacs du pied du Jura. 

Si les conditions sont idéales, c’est-à-dire si le temps reste sec, le lac de Bienne reviendra à un niveau estival normal d’ici le milieu de la semaine prochaine. En ce qui concerne le lac de Neuchâtel, le retour à la normale durera encore deux à trois semaines. Si les pluies se font à nouveau plus abondantes et qu’il faut de nouveau procéder à des réductions du débit sortant au barrage de régulation de Port, l’abaissement du niveau des lacs prendra d’autant plus de temps. 

Plus de 3250 heures consacrées à la collecte du bois flottant

En un mois, la police des lacs de la Police cantonale bernoise a rassemblé près de 5000 m3 de bois flottant dans les lacs de Brienz, de Thoune et de Bienne avec le concours de l’Office des eaux et des déchets. Cela représente 5 millions de litres ou plus de 6200 conteneurs à déchets de 800 litres. Ces travaux ont débuté avant l’arrivée de la crue proprement dite car les rivières gonflées par les précipitations avaient déjà commencé à ramener beaucoup de bois flottant dans les lacs. Au total, la police des lacs a consacré à elle seule plus de 3250 heures de travail à la collecte du bois flottant et à la lutte contre la crue entre le 20 juin et le 26 juillet.

1200 jours de service fournis par la protection civile

La protection civile bernoise a elle aussi été fortement sollicitée : plus de 320 personnes appartenant à douze organisations de protection civile sont intervenues sur l’ensemble du territoire cantonal. Elles ont secondé les services du feu, formé des digues avec des sacs de sable et effectué des travaux de pompage. Elles ont également surveillé les barrages et les pentes, apporté un soutien aux organes de conduite ou encore géré des lignes d’assistance et des points d’information destinés à la population. Les organisations de protection civile ont fourni quelque 1200 jours de service au total durant la période de crue. Pour leur part, les services du feu ont enregistré environ 1400 alarmes en lien avec les intempéries au cours des 30 derniers jours. Les quelque 150 corps de sapeurs-pompiers du canton ont presque toutes été mobilisées, fournissant plusieurs milliers de jours de service. Dix organes de conduite régionaux ont œuvré pour coordonner la lutte contre cet événement et le travail des forces d’intervention ainsi que pour soutenir les autorités politiques.

Selon l’appréciation de l’Office de la sécurité civile, du sport et des affaires militaires (OSSM), compétent pour ce domaine, le dispositif d’alerte de la protection civile, la concertation avec les services du feu et le soutien que la protection civile a apporté à ces derniers ont très bien fonctionné. On a pu constater que les organisations régionales de protection civile étaient opérationnelles très rapidement.

Des travaux de planification qui ont porté leurs fruits

C’est notamment grâce aux enseignements tirés d’événements antérieurs, à une bonne préparation dans le domaine de la planification, à des organigrammes efficaces et à un bon niveau de formation que les organes de conduite régionaux et les forces d’intervention ont réagi de manière appropriée et ont pu faire face aux événements de juillet. Les plans d’urgence élaborés ces dernières années sur la base de l’analyse des dangers naturels ont été précieux, en particulier pour les interventions des services du feu, car ils permettent d’identifier clairement les points névralgiques. La priorisation des interventions auprès des particuliers a été plus compliquée pour ces services, qui ont bénéficié sur ce point d’un soutien important de la part des organes de conduite.

Des mesures efficaces de protection contre les crues 

Le Conseil-exécutif remercie toutes les personnes qui ont contribué à faire face à la crue au cours des semaines écoulées. Les efforts accomplis conjointement et la solidarité de la population ont permis de maîtriser un événement qui a certes causé d’importants dommages matériels, mais qui n’a heureusement pas coûté de vie humaine. 

On peut noter en particulier l’efficacité des mesures de grande envergure qui ont été mises en œuvre pour améliorer la protection contre les crues dans l’ensemble du canton suite aux événements de 2005 et de 2007. Le canton de Berne a investi quelque 105 millions de francs par exemple pour réaliser la galerie d’évacuation de Thoune, pour assainir le canal de Hagneck ainsi que pour adapter et optimiser les dispositifs de pilotage utilisés pour réguler les lacs.

Depuis 2005, le canton de Berne a alloué au total 400 millions de francs à des mesures de protection contre les crues sur l’ensemble du territoire cantonal. La Confédération et les communes ont investi le même montant. Toutes ces mesures ont fortement contribué à limiter les dégâts matériels.

Pour en savoir plus

Vous trouverez sur le site www.be.ch/crues un aperçu de la situation actuelle des dangers ainsi que des informations complémentaires sur le niveau des lacs, le débit des cours d’eau et le volume des précipitations.

Partager