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Langue et égalité

Pourquoi a-t-on besoin d’un langage non genré et quels en sont les fondements ? Le Bureau de l’égalité entre la femme et l’homme du canton de Berne présente les avantages et l’utilité de l’écriture et du langage inclusifs.

Écriture inclusive : de quoi s’agit-il ? 

L’écriture inclusive désigne une forme de rédaction qui prend en compte l’ensemble des membres de la société. Ainsi, l’écriture inclusive renonce à utiliser le masculin générique pour privilégier le recours à des outils linguistiques permettant d’inclure les êtres humains dans leur diversité.

Pourquoi l’écriture inclusive est-elle importante ?

Des fondements psycholinguistiques : le poids de la langue sur la pensée

Des recherches en psycholinguistique ont montré que nos usages linguistiques avaient un effet sur la pensée et influençaient notre perception de la réalité, ce qui pouvait nourrir des stéréotypes de genre. Or, l’usage du masculin générique contribue à cette représentation difforme de la réalité : des expériences ont révélé que le masculin générique est compris sous sa forme spécifique, c’est-à-dire comme désignant uniquement des hommes. De ce fait, présenter une information uniquement au masculin a pour conséquence d’exclure toute une partie de la société.

À cela s’ajoute le poids des stéréotypes véhiculés par le langage : un champ lexical différent s’emploie selon le genre de la personne réalisant une action. Ces habitudes de langage sont alors transmises aux enfants lors de l’enseignement du genre grammatical en français. En utilisant l’écriture inclusive, nous nous détachons de ces habitudes pour mieux représenter la diversité des genres et éviter des discriminations. Concrètement, le fait d’utiliser un doublet, c’est-à-dire la version féminine et masculine d’un nom (« les traductrices et les traducteurs »), contribue à limiter les stéréotypes de genre. II a ainsi été prouvé que, à la lecture d’un nom de profession écrit au féminin et au masculin, nous comprenons que les deux genres peuvent exercer la profession mentionnée.

Des fondements historiques : aux origines de la langue française

Avant le XVe siècle, la langue française permettait l’accord de proximité, c’est-à-dire que l’accord ne se faisait pas automatiquement au masculin pluriel, mais se faisait au genre du nom le plus proche de celui à accorder. Toutefois, au XVe siècle, un grammairien détourne la règle d’origine latine et établit que l’accord masculin englobe les noms féminins et masculins.

Deux siècles plus tard, sous la formule « le masculin l’emporte sur le féminin », la nouvelle règle est enseignée dans les écoles, ce qui l’entérine dans la pratique. À la même époque, différentes mesures vont contribuer à effacer toute trace du genre féminin dans la langue française, telles que : l’abandon du pronom attribut « la », la redéfinition du mot « homme » pour désigner les femmes et les hommes, le remplacement du pronom neutre « el » par le pronom masculin et l’abandon de la variabilité de participes présents, de gérondifs, d’adjectifs et de certains noms (qui deviennent systématiquement masculins).

Avec l’instauration de l’Académie française, des noms de profession féminins relatifs aux domaines du savoir et de la culture sont supprimés du lexique français. Seuls leurs équivalents masculins sont maintenus. Ces différentes mesures ont eu pour effet de supprimer des outils rédactionnels utilisés pour représenter les femmes et les hommes, comme les doublets. Ces derniers étaient en effet utilisés par le passé dans des actes législatifs.

Des fondements juridiques : un intérêt double 

Différents textes de nature juridique ont vu le jour aux niveaux international, national et cantonal pour promouvoir l’égalité des genres et, dans certains cas, l’écriture inclusive. La mise en place de mesures d’égalité doit s’accompagner du recours à l’écriture inclusive, comme l’explique Sophie Weerts dans La rédaction législative et administrative inclusive. D’ailleurs, dans le canton de Berne, des directives imposant le recours à l’écriture inclusive existent depuis 1987.

Comment communiquer de manière inclusive ? 

Les règles d’écriture inclusive mises en place dans l’administration cantonale bernoise sont répertoriées à la section « Comment communiquer de manière inclusive ? » du guide rédactionnel de l’administration cantonale bernoise.

  • Écriture inclusive

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